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Chacun cherche sa voix

Contrairement aux idées reçues, tout le monde peut disposer d’une harmonieuse et juste ; c’est-à-dire accordée à l’être. (Re)trouvée, elle est un merveilleux instrument d’équilibre, de joie et de confiance en soi.
Être bien dans sa voix, c’est pouvoir communiquer au sein de relations authentiques…

Contrairement aux idées reçues, tout le monde peut disposer d’une harmonieuse et juste ; c’est-à-dire accordée à l’être. (Re)trouvée, elle est un merveilleux instrument d’équilibre, de joie et de confiance en soi. Être bien dans sa voix, c’est pouvoir communiquer au sein de relations authentiques. Être écouté, mais surtout être entendu. Travailler le duo souffle/son est avant tout une thérapie qui permet de contacter, exprimer et dissoudre les « distorsions » et nœuds de parcours, afin d’apaiser la cacophonie de l’être. En outre, par le massage vibratoire sonore qu’elle induit, la voix est un puissant outil énergétique d’harmonisation, voire de guérison, utilisé depuis la nuit des temps par les chamans et autres médecins traditionnels. Trouver sa voix, c’est un peu trouver sa voie…

Il était une voix… Une voix à laquelle on n’accorde généralement guère d’attention et de soin. Or, quoi de plus intime et de plus révélateur que la voix, que sa voix ? Venue des tréfonds de l’être, elle porte les traces des épreuves de l’existence, et dévoile états d’âme, émotions et face cachée de notre psyché. Un patrimoine parfois encombrant, toujours révélateur ! Si elle n’est pas bien placée, on peut être sûr d’y trouver une signification ; problème de confiance en soi, de choix de vie, de traumatisme ou de stress. Faisons un peu d’anatomie : les cordes vocales sont composées, entre autres, de muscles et, comme pour tout muscle, leur degré de tension est directement influencé par les états émotionnels et psychiques de l’être.
À travers les cordes vocales, c’est la voix, et ses sons aux fréquences très variées, qui subissent transformations et déformations. Serge Wilfart est le créateur de la méthode Harmoniser par la Voix (1), qui s’adresse à toute personne soucieuse de retrouver la « vérité » de sa voix. Pour lui : « Le son se bloque en fonction des tensions de la colonne vertébrale. Faut-il rappeler que la voix – sa qualité et son ampleur – dépend de l’acte respiratoire. Or, ce dernier bloque souvent car il rencontre un nœud au niveau du croisement entre les cervicales et les épaules, carrefour de l’expression. C’est pourquoi nous travaillons sur le dos, qui cristallise le plus de tensions ».

Le miroir sonore de notre intériorité

La voix dispose d’une excellente mémoire qui dépasse l’entendement et le conscient. Dans Le pli (éd. de Minuit), le philosophe Gilles Deleuze explique que dans chaque son, il y a des plis ; une organisation interne dans laquelle transite une multitude d’informations qui s’impriment dans la mémoire du corps, le stimulent et le transforment. S’ouvrir à sa voix, ce miroir sonore de l’intériorité, c’est s’ouvrir à soi ; à ce qu’il y a de plus intime et de plus universel en soi. C’est s’ouvrir à sa vie et s’ouvrir aux autres, sans triche, ni faux-semblants. Une voix capable de devenir un instrument de communication précieux. Pour autant que l’on puisse s’accorder sur la même longueur d’onde…
« La voix est le miroir de soi-même et une offrande à l’autre », précise Francine-Émilie Laurent, créatrice de la méthode Cosmo-Humana-Voce (2). « Avec notre voix, nous changeons l’atmosphère et l’équilibre vibratoires du lieu où nous nous trouvons ; nous pouvons construire ou détruire cette harmonie. L’art-thérapie que je propose permet, à travers la voix, de traverser les nappes de brouillard de nos vies. De libérer par la voix les mémoires vibratoires ; par le son d’effacer les traces de vécus douloureux et chaotiques, qui nous enlèvent une portion de vitalité. Car il ne faut pas oublier que la voix, c’est la vie à l’état pur. »

Changer de voix, c’est changer de vie

En travaillant sur la voix, on travaille sur tout l’être en profondeur et on influe sur l’état général. On ne parle pas de miracle ! Se réaccorder à sa voix exige une prise de conscience et un travail intérieur personnel intense. Un lâcher-prise qui va de pair avec l’abandon d’une manière de paraître, pour tendre vers une manière d’être. « Il faut être prêt à changer, et pas seulement sur le plan vocal », explique Serge Wilfart qui aime à se définir comme « professeur de voix ». En touchant à la fonction vocale, on peut exhumer des blessures savamment enfouies et étouffées, des blocages de longue date et autres traumatismes. Et, il est souvent difficile, une fois mis en lumière, de les ignorer…

Changer de voix (même s’il ne s’agit pas fondamentalement de changer de voix, mais bien de se reconnecter à la sienne), c’est un peu changer de vie. « Certains, en entendant leur nouvelle voix, ne se reconnaissent plus, ne le supportent pas et quittent l’atelier », confirme Serge Wilfart. Une démarche qui doit avant tout être nourrie de l’intérieur. Serge Wilfart confirme : « Quelqu’un qui viendrait chez moi en disant « je veux du charisme » se trompe d’adresse. Il aura effectivement plus de charisme, mais pas dans le sens habituel que recouvre ce terme, ni dans le même but ; dans celui d’être lui-même ! On ne peut pas obtenir les outils sans passer par la démarche, car il ne s’agit pas d’une recherche de pouvoir, mais bien d’une recherche d’être. L’individu qui aura tourné son regard vers l’intérieur, qui aura retrouvé une authenticité, sera plus apte à se comprendre, mais aussi par empathie, à comprendre son entourage et la personnalité humaine qu’il a en face de lui. »

A chacun sa (belle) voix … harmonieuse

Alors, à chacun sa voix ? De toute évidence ! « Il existe une seule personnalité et géométrie vocale pour chaque individu », proclame Serge Wilfart. Une voix (qualité et résonance) qui s’inscrit dans un corps unique. Il faut savoir que tout le monde peut donner une certaine ampleur à sa voix, liée à une énergie et non une force musculaire. Quant à la justesse, elle n’a rien à voir avec la force : on peut avoir une voix forte et des blocages importants.

Serge Wilfart a vécu cette distorsion entre « voix » et « être », lors d’une carrière de chanteur lyrique qui l’a peu convaincu et l’a mené à élaborer sa méthode. « Le problème, notamment dans le chant, c’est qu’on veut vous donner une voix qui n’est pas la vôtre. Une voix artificielle, correspondant à certains canons, qu’on vient « plaquer » sur l’individu, de l’extérieur, alors qu’il s’agit véritablement d’une mécanique intérieure, revendique-t-il. Ça m’énerve de voir que la moitié des candidats au chant se font refuser, sous prétexte qu’ils n’ont pas de voix…Or, ils parlent ! De même, quand on affirme : « Tu chantes faux ». Comment peut-on dire ça ? La voix, c’est ce qu’on a de plus intime, de plus subtil ! Et j’affirme que personne ne chante faux. Il n’y a pas de distinction entre voix parlée et voix chantée. »

Francine-Émilie Laurent, qui a également une carrière lyrique a son actif, précise : « Il y a plein d’a priori et de croyances sur la voix et l’esthétique vocale. Une voix peut être sans grande coloration esthétique, mais elle fait partie intégrante de soi-même ; de votre charisme. Ce qui est important, c’est ce qu’elle touche : l’âme ou l’ego ? Il y a une question de présence. Si votre voix a de la présence, il y a automatiquement présence du corps. Par la voix, vous activez la capacité à entrer en vibration avec un interlocuteur. Vivant. »

Souffle, corps et voix

De toute évidence, une voix juste n’est possible que grâce à une respiration juste. Un travail sur le souffle qui engage tout le corps. Comme le corps s’éveille en même temps que la voix se révèle, celui qui va à la rencontre de sa voix réintègre son corps, comme on peut réintégrer avec plaisir son domicile après une longue absence.

D’où vient alors ce déséquilibre ? Cette voix « faussée », peu accordée à ce que nous sommes vraiment… Il faut remonter à l’enfance pour retrouver le son « vérité ». Rien n’est plus parlant que l’exemple d’un nouveau-né : une voix si puissante dans un si petit corps !

Née du premier souffle (sans le souffle, la voix s’éteint), cette voix, boule d’énergie ‘souffle-son’ qui jaillit du ventre du bébé, est sans commune mesure avec la voix étouffée et diminuée de l’adulte. Avec les premières angoisses, cette boule lui remonte dans la gorge. Une voix qui s’écartera encore davantage de son centre vital abdominal (le hara, appelé ‘océan du souffle’ chez les Taoïstes) lorsqu’il prendra la posture debout. Dès lors, souffle et son se dissocient, bloquant l’énergie-son à l’étage supérieur : épaules, cou, mâchoires, colonne dorsale. Inhibée par les traumatismes, l’éducation (« Ne parle pas si fort ! »), les convenances sociales et le très actuel stress, la voix de l’adulte n’est plus qu’un pâle reflet de ce qu’elle a été à l’origine ! D’où l’importance du rééquilibrage du centre de gravité et de la respiration abdominale.

« Faites respirer quelqu’un correctement et il se passe quelque chose au niveau de la dynamique. Respirer, ce n’est pas prendre de l’air. Il y a un engagement de soi-même dans l’acte respiratoire. La voix vous révèle », pointe Francine-Émilie Laurent. La clé ? Être très présent dans le hara, avec des racines profondes et une tige souple, pour laisser passer et circuler le souffle, donc le son. « Le souffle est méditatif, précise Serge Wilfart. C’est le ‘carburant’, l’essence, qui va alimenter la voix, symbolique de l’action. » Une respiration profonde va donner une qualité de voix, une présence, une « puissance » qui n’a rien à voir avec une force. C’est une texture, une matière, une couleur, une densité d’une richesse insoupçonnée. L’expire délivre la voix : c’est la phase active. C’est « l’expression » de soi. En définitive, trouver sa voix n’est rien d’autre que trouver sa voie. Mais, faire entendre sa voix, c’est aussi savoir écouter celle des autres.

De voyelle en consonne

Pour imiter les bruits de la nature, il a fallu perfectionner un langage. C’est ainsi que sont nées les voyelles, qui sont universelles. La voyelle est le chant de la nature. Elle est libre, aérienne, désincarnée et sacrée. La consonne – ‘qui sonne avec’ – est le rythme qui vient modifier le flux continu de la voyelle. C’est l’incarnation, la ‘matière’ du son. Sans voyelle, la consonne est une boîte vide, une incarnation sans âme. Alors que la voyelle sans la consonne, c’est l’âme sans la chair. La consonne enracine. La voyelle « énergétise » et ouvre vers une autre dimension. Un mariage hautement symbolique, à l’image du Aum universel !

Expérimenter

Stage «  LA VOIX EN MOUVEMENT » co-animé par Hélène TODOROVITCH et Karine BOYMOND les samedi 22 septembre 2012 de 14h00 à 18h00 et dimanche 23 septembre 2012 de 10h00 à 18h00 à l’espace CARPE DIEM de Carrières-sur-Seine (78420)
faire le lien entre l’analyse anatomique ( la respiration, le jeu des diaphragmes -thorax, bassin) et la pratique vocale au quotidien
Percevoir les mouvements mis en œuvre dans la phonation
Libérer les tensions musculaires pour ouvrir le chemin de la voix
Explorer le monde sonore à travers les impulsions, les rythmes, les tonalités, les silences.
Participation individuelle 200 € + 5 € adhésion annuelle à l’association
contact et réservation : Hélène Todorovitch 06 28 29 31 13
encorps.helene@laposte.net – www.mouvement-anatomie.com

Lire

  • (1) Serge Wilfart : Le chant de l’Être, Analyser, construire, harmoniser par la voix (Albin Michel/Espaces Libres, 1997).
  • (2) Francine-Émilie Laurent : La voix, source d’énergie, d’équilibre et de vie, (Guy Trédaniel, 2002) – La Respiration et la Voix, Donnez du souffle à votre vie (Guy Trédaniel, 2005).
Eve François & Carine Anselme

Eve FRANÇOIS

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