Il y avait un jardin qu’on appelait… la Terre
L’industrie chimique fabrique depuis plus d’un siècle des milliers d’insecticides, herbicides et fongicides que l’on désigne communément par le nom générique de pesticides. Ils sont employés à haute dose dans l’agriculture et aussi, malheureusement, dans le jardinage. Les fabricants en produisent de nouveaux tous les ans et on ne met encore assez au grand jour leurs effets négatifs sur la santé du vivant, que ce soit les êtres humains, les animaux, les plantes et notre environnement. Les rares cas où la nocivité de ces produits a été reconnue fut à la suite d’accidents. Même reconnus dangereux, pour l’homme en particulier, les pouvoirs publics mettent peu d’empressement à les retirer du marché. Nous sommes donc à la merci d’une quantité colossale de pesticides qui s’insinuent dans toute la chaine alimentaire et qui polluent notre environnement.
Le marché des pesticides
Ils font partie de plusieurs familles dont les organophosphorés, les organochlorés, les carbamates, les ca rbinols, les sulfones et les pyréthrinoïdes. Leur seul énoncé fait peur ! Beaucoup sont des neurotoxiques qui agissent sur le système nerveux, empêchant la communication entre cellules. Chez l’enfant, ils peuvent agir de manière irréversible sur son développement hormonal. On trouve encore une grande quantité de ces produits organophosphorés dans es boutiques de jardinage alors qu’on sait bien que des pesticides, même à doses infinitésimales, détériorent gravement les fonctions reproductrices mâles dès le stade embryonnaire, qui peuvent aboutir à une perturbation de la différenciation sexuelle, à des malformations génitales puis à des déficits de la spermatogénèse. Ils ont aussi une action sur la fertilité féminine, sur le cycle ovarien, sans parler de leur action cancérigène.
Le potager en question
Promenons-nous dans le potager avec en main la liste des produits phytosanitaires actifs, autorisés en France. Voici les belles carottes, protégées contre les vers de terre par l’Endosulfan, un organochloré classique toxique en contact avec l’épiderme, très toxique s’il est inhalé ; irritant pour les yeux et ultra toxique pour l’environnement. Ah…la belle laitue, protégée contre la mouche mineuse à l’aide de l’Abamectine, un puissant neurotoxique persistant. La liste est longue de ces produits chimiques qui nous empoisonnent par petites doses…
Le verger n’est pas épargné
L’abricotier, le cerisier subissent des pulvérisations de Phosalone, un organophosphoré classé très toxique pour l’environnement. Les framboisiers donnent des fruits sans ver mais avec de la Lamda-cyhalothrine, un très dangereux pyréthrinoïde actif durant des semaines. Achevons cette visite par les rangées de pommiers et de poiriers, à l’abri du carpocapse qui ne supporte pas le Méthomyl, un carbamate à base d’ammonium classé toxique.
Au diable les pesticides
Les végétaux sont capables de se défendre contre les agressions des insectes qui les attaquent. Ainsi les châtaigniers, pour se défendre contre les chenilles, développent une substance toxique qui les éloignent mais sans les éliminer, comme si elles avaient une certaine utilité. Nous ne connaissons pas tout des interactions entre hôtes et prédateurs dans le monde des micro organismes, des insectes, des vertébrés. On sait aujourd’hui que le fait d’en éliminer un chainon, peut avoir de graves effets et des conséquences opposées à celles qu’on attendait.
Jardiner, prendre de la peine
Cultivons nos jardins à la manière d’un Zadig, le héros voltairien. Désherber à la main, avec un matériel qui évite de se baisser et de se faire un lumbago…utiliser des produits naturels (purin d’ortie, bouillie bordelaise…), ou la gamme des produits bio proposées par des jardineries dignes de ce nom. Epanouir nos sens grâce à un jardinage biologique…un vrai délice ! se faire aider par les coccinelles, friandes de larves et d’insectes qui attaquent fleurs et fruits, être amis avec les prédateurs naturels qu’on appelle bien justement des « auxiliaires »… en bref, accepter de partager une partie du potager et des récoltes avec les hôtes du jardin !
Vous avez un jardin ?
Vous faites donc partie des plus de dix millions de bienheureux français qui d’une fois part mois à plusieurs fois par jour, ont un contact direct avec ce bien le plus précieux pour la survie de notre espèce. Vous avez cette formidable chance de toucher la terre, de la travailler, d’en découdre parfois entre le mauvais temps et les petits rongeurs qui saccagent vos plants. Mais elle vous rend les plus souvent plus que ce que vous lui avez offert, lorsque la récolte venue, le fruit de votre travail et du sein passe du sol à l’assiette et jusqu’à vos papilles. Alors pariez définitivement sur un ZERO ACHAT quant aux pesticides et autres produits chimiques qui attirent votre regard sur les rayons des plus grandes jardineries en vous promettant faux miracles, mais vraies catastrophes cachées.
Vous avez un balcon fleuri ?
Vous êtes donc un amoureux de la nature pour ne pouvoir vous en séparer même du haut de votre appartement en ville. Vous cultivez la poésie du vivant à chaque fois que vous arrosez, effeuillez, soignes ces belles plantes qui égayent nos façades citadines. Alors, au nom de cet amour de la rose ou du géranium, ne gâchez pas votre plaisir et jouez la carte du ZERO PESTICIDES pour chasser les vilains pucerons.
Vous décorez la maison avec des plantes ?
Vous avez donc décidé de faire de votre intérieur un jardin intime, où nature rime avec culture. Vous cultivez l’art de vivre dans votre home sweet home et ne le concevez qu’agrémenté de verts feuillages qui donnent une couleur supplémentaire à votre intérieur. Avant de pulvériser tel puissant et toxique mélange que vous croyez bon pour vos plantes, pensez à vos bronches et à celles de votre animal de compagnie. Pensez à votre « intérieur » lorsque vous soignez vos plantes de l’extérieur !
Vous n’avez ni jardin, ni balcon, ni plante d’intérieur…
L’envie vous prendra peut-être un jour, puis viendra le besoin vital d’avoir un coin de nature près de vous. Comme pour faire de votre vie… un jardin où il fait bon vivre…
Bob PINTO
A lire
« Les quatre saisons du jardinage »
une revue pratique d’information sur le jardinage biologique,
editions Terre Vivante, www.terrevivante.org »