Si l’on regarde du côté de la médecine, on a bien cette désagréable sensation que plus les pharmacies regorgent de produits en tout genre, plus les laboratoires se retranchent derrière d’incroyables protections (qu’ils appellent effets secondaires ou contre-indications écrits dorénavant en lettres capitales sur toutes les longues notices dites explicatives), et plus le patient est déconcerté par le manque de précision sur la nature de sa maladie, et le manque d’efficacité de certains traitements.
Car c’est bien lui qui est au bout de cette chaîne médicamenteuse, tout comme le consommateur est tout de la chaîne alimentaire. Chacun paie le prix non seulement avec son porte-monnaie, mais aussi avec toutes les cellules de son corps lequel va absorber et digérer plus ou moins bien tel aliment décomposé ou tel médicament recomposé. Certes il n’est pas question de tirer à boulets rouges sur les immenses progrès de la médecine sur telle ou telle grave maladie, mais pourquoi donc temps de discorde, de belliqueuse ignorance entre cette médecine appelée faussement traditionnelle (puisqu’elle emploie aucune méthodologie se référant précisément à la tradition des soins tels qu’ils étaient prodigués partout dans le monde) et toutes les autres médecines que paradoxalement on appelle nouvelles alors qu’elles sont l’héritage même des pratiques les plus ancestrales ?
Pourquoi faire croire aux patients que nous sommes, impatients de guérir de tous les maux, grands ou petits, que par exemple l’antibiotique, dont on connaît aujourd’hui pour certains des graves effets secondaires et les risques de résistance, appartient à la médecine devenue traditionnelle alors que la tisane de thym serait du registre, déconsidéré, des médecines nouvelles ou encore douces ou alternatives ? Pourquoi ces médecins qui ont fait le choix d’une vision holistique du patient et non d’un regard ciblé sur les seuls symptômes ont-ils tant de mal à exister dans cette espèce d’embrouillamini savamment orchestré à des fins économiques ou financières ? Car tout le monde sera au moins d’accord sur ce point : une boîte d’antibiotiques vendus inutilement pour une grippe d’origine virale rapporte bien plus qu’un mélange de plantes à faire bouillir dans un peu d’eau…
Si on pouvait imaginer un monde de paix, de solidarité et d’échanges entre ces deux grandes et dignes façons de soigner et de guérir, on arriverait alors, sur le terrain primordial de la santé, à cette formidable union entre le progrès la tradition. Mais cessons là ces douces rêveries, on finirait par dire que nous sommes malades… de la tête !
Interview du Docteur Jean-Noël SCHMITT, médecin phytothérapeute, diplômé de médecine légale et criminologie et d’expertise médicale, ex-chargé de cours à l’Université de Montpellier, dirige un enseignement privé de phytothérapie à Paris.
La phytothérapie est-elle une médecine douce une médecine nouvelle ?
Docteur SCHMITT : La médecine douce n’existe pas. Ce terme est presque une « escroquerie » car les gens dans leur tête pensent justement que c’est une médecine sans danger. Il n’y a aucune médecine sans danger pas plus en allopathie qu’en phytothérapie, puisque certaines plantes peuvent tuer quelqu’un en quelques minutes ou en quelques heures. Ainsi si vous buvez une fusion ou une décoction de digitale vous pouvez mourir d’un arrêt cardiaque. Cette plante est très dangereuse et l’on déconseille même de la toucher avec ses mains car si de jeunes enfants la portent à la bouche, ils peuvent notamment être atteints de troubles cardiaques. Cette plante est heureusement vendue sous ordonnance. Mais je peux citer d’autres exemples de dangerosité moindre, mais danger tout de même. Donc ce terme de médecine douce s’il pourrait peut-être s’adapter l’homéopathie, ne peut être rattaché à la phytothérapie.
On ne peut pas non plus affirmer que c’est une médecine nouvelle, par opposition à la médecine dite faussement traditionnelle, c’est-à-dire la médecine allopathique car la phytothérapie est la médecine la plus ancienne du monde ! Les premières traces de cette pratique remontent à 12000 ans et l’on soigne vraiment par elle depuis 7000 ans partout dans le monde. Le moins mauvais terme qu’on pourrait utiliser serait de dire que toutes ces médecines non allopathiques sont des médecines alternatives ou naturelles car notamment la phytothérapie est une alternative à une autre médecine. En cela je veux aussi dire qu’il n’y a pas des bonnes ou des mauvaises médecines. Toutes les médecines pratiquées aujourd’hui peuvent être bonnes, dangereuses, complémentaires si elles sont bien ou mal maniées et ce qui est certain c’est qu’elles ont toutes besoin d’être apprises longuement avant d’être utilisées pour ne pas faire de bêtise au préjudice des patients qui nous font confiance.
Pourquoi alors cette querelle allopathie/ médecine alternative ?
Docteur SCHMITT : Le cas de la phytothérapie est différent, notamment de l’homéopathie à propos de laquelle la plupart des médecins allopathes crient haut et fort que « c’est du vent », et bien que cela marche sur un certain nombre de maladies et que les résultats cliniques sont bons, on a du mal à avoir des preuves expérimentales. Par rapport à la phytothérapie, la critique des allopathes est différente car comme je l’ai dit c’est une médecine ancestrale avec des expérimentations cliniques et scientifiques probantes.
Ainsi on a pu prouver que l’essence d’origan, celui-là même qu’on saupoudre sur les pizzas, a un pouvoir bactéricide 25 fois supérieur au phénol et que l’harpagophytum a une puissance anti-inflammatoire égale à certains médicaments allopathiques, sans en avoir les effets secondaires. La phytothérapie est une médecine pondérale qui utilise des principes actifs. D’ailleurs il ne faut surtout pas oublier que c’est de la phytothérapie qu’est née l’allopathie puisqu’à partir du XIXe siècle on a commencé à extraire ce qu’on appelle les alcaloïdes des plantes de manière à en faire des médicaments de synthèse.
On a trouvé qu’il était plus simple de faire ce travail d’extraction sur une paillasse de laboratoire que d’aller au jardin se baisser pour ramasser les plantes… On est donc arrivé à élaborer des alcaloïdes de synthèse très complets avec l’avantage de pouvoir doser très précisément. Ce qu’on ne peut faire avec par exemple une tisane dont on ne sait pas combien de principes actifs elle contient mais en phytothérapie de terrain cela n’a pas d’importance car l’action des plantes ne se fait pas de la même façon. En fait beaucoup de médecins allopathes traitent les phytothérapeutes de « dinosaures » car il considère que cette médecine est archaïque et donc plus suffisamment moderne pour notre époque. Je pense que cette espèce de guerre est inutile et préjudiciable pour les patients.
Quelle coexistence voyez-vous entre allopathie et phytothérapie ?
On pourrait dire, schématiquement, qu’on ne soigne pas les mêmes choses. L’allopathie soigne très bien les urgences médicales et chirurgicales. La phytothérapie est, elle, indispensable dans tous les traitements de terrain, pour certaines maladies aiguës comme la bronchite ou la cystite, et encore plus pour les maladies chroniques ou justement lorsque les plantes sont bien utilisées on va arriver à guérir là où l’allopathie est inefficace. Je donnerai trois exemples simples :
1/les rhumatismes : on sait que l’allopathie soigne très bien les douleurs articulaires mais pour l’instant en aucun cas elle n’arrive à guérir, empêcher ou diminuer l’évolution du rhumatisme. En phytothérapie si notamment on fait à la fois un traitement par les plantes et par les oligo-éléments, on peut arriver à diminuer l’évolution du rhumatisme, voire à le faire régresser.
2/La cystite chronique : certaines femmes malades sont parfois depuis plus de 10 ans sous antibiotiques au moins 10 mois par an et dès qu’elles arrêtent ce traitement allopathique, la maladie revient. La phytothérapie de terrain peut être une excellente alternative. Le traitement par les plantes qui peut dans ce type de maladies chroniques durer plusieurs années permet d’arriver à des résultats très positifs de suppression des antibiotiques, voire de guérison.
3/la sciatique : ni l’allopathie ni la phytothérapie ne peut guérir ce problème là où, par contre, l’acupuncture et l’ostéopathie permettent d’obtenir de très bons résultats.
Il faut donc connaître les limites et les possibilités de chaque type de médecine qu’on exerce et savoir passer la main, ce que ne savent pas faire les médecins en règle générale. Voilà pourquoi on ne devrait pas se faire la guerre. Voilà pourquoi toutes les médecines sont complémentaires. En phytothérapie, on peut tout soigner, pas tout guérir et donc aussi être utile en complément de l’allopathie pour certaines maladies graves. Ainsi dans la chimiothérapie anticancéreuse la phytothérapie a une vraie place. Elle arrive :
Ø à diminuer les effets secondaires et la toxicité de la chimiothérapie et de la radiothérapie tout en
Ø augmentant l’efficacité de la chimiothérapie et en
Ø stimulant les défenses du malade tout en diminuant la fatigue engendrée par la chimiothérapie et la radiothérapie.
En résumé quand elles sont bien maniées, les plantes peuvent toujours avoir une grande utilité.
Qu’est-ce vraiment le phytothérapie ?
Docteur SCHMITT : il existe 3 sortes de phytothérapie :
La phytothérapie symptomatique : utilisée depuis 12 000 ans, il s’agit de soigner une maladie par une plante qui correspond donc un symptôme. Il existe en fait une ou plusieurs plantes correspondant à une maladie. Cette méthode fonctionne très bien, mais, comme l’allopathie, est limitée dans ses principes car le terrain n’est pas en cause.
La phytothérapie de drainage : pour savoir ce qu’est exactement le drainage il faut remonter à quelques siècles en arrière puisque nos anciens pratiquaient le drainage des émonctoires. Il s’agit de nettoyer nos organes et de les purifier. Les émonctoires sont donc notamment le foie, les reins, les poumons, la peau, les intestins qui ont un rôle de nettoyage et de purification des autres organes. Cette seconde forme de phytothérapie est tout aussi nécessaire en homéopathie car avant de soigner avec toute médecine dite alternative il convient de drainer et d’éliminer les parasites. Après, les traitements sont beaucoup plus efficaces.
La phytothérapie de terrain : c’est la Rolls de la phytothérapie comme le terrain est la Rolls de la médecine. Cette troisième forme est plus complexe à pratiquer. Elle remonte à 1974 et fut initiée par le Dr Christian Duraffourd qui l’avait appelée phyto neuro endocrinienne de terrain car on régule à la fois l’axe neuro végétatif qui est formé du système sympathique et parasympathique et aussi toutes les glandes endocrines. En effet chacun de ces éléments peut-être en Hypo ou hyper fonctionnement. Il s’agit alors de réguler avec les plantes chaque élément individuellement et aussi dans le même temps réguler complètement le terrain. On doit, pendant la consultation, faire un interrogatoire et un examen clinique très complet, poser notamment beaucoup de questions dont le patient peut ne pas comprendre l’intérêt pour le problème qu’il veut voir traiter. À la suite de ce travail d’introspection, on sait si le patient est hyper ou hypo thyroïdien avec un système sympathique qui fonctionne trop ou pas assez etc. et à partir de là on va réguler tout le terrain.
Ces trois phytothérapies peuvent être utilisées soit ensemble soit séparément. Généralement elles sont complémentaires pour une même maladie car on a toujours besoin du symptomatique, on encore plus besoin de drainage et après pour faire encore mieux on utilise cette notion de terrain. Ainsi en phytothérapie on peut dire qu’on peut pratiquement soigner toutes les maladies mais… soigner ne veut pas dire guérir.
Quels sont les examens pratiqués en phytothérapie ?
Docteur SCHMITT : Il y a l’aromatogramme qui est l’équivalent en allopathie de l’antibiogramme. Il consiste à prélever un écoulement (crachat, urine etc.) pour le mettre en culture. Une fois que les germes ont proliféré on va essayer de trouver quelles sont les essences de plantes qui sont efficaces sur eux, comme en allopathie on recherche des antibiotiques adéquats. On imbibe des petits disques de papier buvard d’essences de plantes et l’on mesure au contact des germes le diamètre d’inhibition. Plus il est grand et plus l’essence de plante sera efficace pour traiter le germe en cause. C’est l’examen de référence de la phytothérapie.
Directement liés ou non à la phytothérapie, sont également très utiles :
Ø le protéome ou « gemmogramme informatique »,
Ø le bilan du stress oxydatif,
Ø le statut en acides gras, .
Ø le dosage des vitamines (n’oublions pas qu’environ la moitié des gens sont carencés en vitamines, en particulier D et/ou C…)
Phytothérapie et Aromathérapie, quelle différence ?
Docteur SCHMITT : D’origine grecque la phytothérapie est l’action de soigner par les plantes exclusivement. Elle se distingue donc fondamentalement de l’homéopathie car cette dernière utilise les trois règnes, animal végétal et minéral. L’aromathérapie est une branche de la phytothérapie puisqu’il s’agit d’utiliser les plantes qui dégagent un arôme et desquelles on peut extraire une essence dite huile essentielle. En effet les plantes peuvent être utilisées de beaucoup de façons différentes. La formule basique est la tisane, mais contrairement à ce que l’on croit une tisane n’est pas une infusion. Faire une tisane c’est tout simplement mettre une plante en contact avec un liquide quelconque. Et dans le registre des tisanes on trouve :
Ø les infusions : on fait bouillir de l’eau et on la verse chaude sur une plante fraîche ou sèche, on laisse infuser de 5 à 20 minutes selon la plante dont on utilise généralement les fleurs ou feuilles pas trop épaisses.
Ø les décoctions : on place la plante dans de l’eau froide, on porte doucement à ébullition et on fait bouillir d’une à 30 minutes toujours selon la plante. On ne met pas de fleurs dans les décoctions car on risque d’en tuer des principes actifs. On utilise donc principalement les feuilles plus épaisses, les racines, les rhizomes et les écorces.
Ø les macérations : il s’agit de placer la plante et le liquide ensemble sans chauffer et de laisser macérer pendant plusieurs semaines. Le liquide est souvent alcoolique (teinture mère) ou oléagineux.
Ø Les digestions : c’est le principe de la macération mais à chaud.
Il y a encore bien d’autres formes d’utilisation de la plante, les premières décimales, les essences de plantes qu’on appelle donc huiles essentielles, les alcoolats, les alcoolatures, les gélules, les capsules etc. pour les formes buvables. On utilise aussi la plante sous forme de suppositoires, ovules, lavements, frictions, inhalations. Il y a aussi les formes injectables. Je me souviens d’une visite dans un hôpital chinois où les malades étaient sous perfusion intraveineuse de tisane…
Évoquons la qualité des plantes utilisées…
Docteur SCHMITT : si l’achat de la plante ou de la préparation s’effectue en pharmacie théoriquement la qualité est bonne puisque le pharmacien est responsable devant la Loi et qu’il est censé détenir les fiches de contrôle délivrées par le grossiste ou le producteur. La même rigueur n’existe pas dans d’autres points de vente, telles les parapharmacies où il n’y a pas toujours ce type de contrôle. La responsabilité du vendeur n’est pas la même et c’est pourquoi les phytothérapeutes ont recours aux pharmaciens pour la préparation de leurs prescriptions.
Il convient aussi de faire attention à certaines marques qui sont moins sérieuses que d’autres et utilisent des essences de synthèse sans le préciser explicitement. Ainsi une étiquette « essence de lavande » ne veut pas dire obligatoirement essence naturelle et certaines essences synthétiques peuvent non seulement être inactives mais aussi nocives pour la santé. Le consommateur doit donc être prudent et vigilant et acheter sur les points de vente où les contrôles sont stricts, où il peut être informé sur la réelle qualité du produit vendu et s’en remettre au conseil du phytothérapeute qui connaît bien telle ou telle marque.
Toutes les plantes ne devraient-elles pas être issues que de la production biologique ?
Docteur SCHMITT : Bien sûr, toutes les plantes utilisées en phytothérapie devraient être biologiques ou sauvages. Il faut privilégier les plantes BIOLOGIQUES (par exemple la gamme des Essences créées par le Docteur VALNET ou les Suspensions Intégrales de Plantes Fraîches…) Donc favoriser les plantes biologiques. La provenance par rapport aux pays est importante car autant en France, les contrôles sont relativement sévère autant dans d’autres pays tels l’Afrique ou la Chine, on ne sait pas quels contrôles ont été effectués, et surtout, on ne peut pas toujours faire confiance aux fiches de contrôle. Certains pays vous marqueront sans complexe que la plante est de culture biologique alors qu’ils auront utilisés des produits chimiques parmi les centaines de pesticides et insecticides présents sur le marché…
ATTENTION en particulier aux produits bon marché vendus sur Internet avec les risques que cela peut entraîner pour la santé. Si vous voyez 60 Gélules pour 3 ou 5 Euros, fuyez. A ce prix là, vous payez la boite, l’étiquette et des gélules dans lesquelles il ne peut rien y avoir de sérieux…
La phytothérapie est-elle réglementée ?
Docteur SCHMITT : il y a 30 ans j’ai demandé à l’Ordre des Médecins l’autorisation de porter le titre de phytothérapeute sur mes ordonnances. La réponse a été négative bien qu’à cette époque on avait autorisé l’homéopathie et l’acupuncture. Il m’a été indiqué que la phytothérapie ne pouvait être considérée comme une spécialité au motif qu’elle fait partie de la médecine en général. Cela est dans la pratique totalement inexact car les médecins généralistes ne savent plus prescrire les préparations magistrales. Alors que les pharmaciens reçoivent une formation en botanique et phytothérapie, les médecins n’en ont aucune au cours de leurs études. On est donc dans l’illogisme le plus total.
La formation des phytothérapeutes est réalisée par des médecins et des pharmaciens dans un cadre universitaire ou en institut privé. De plus en plus de médecins en exercice demandent à être formés en phytothérapie non pas tant pour la pratiquer et surtout pour comprendre car il est aujourd’hui scientifiquement démontré qu’une plante est mieux reconnue par l’organisme qu’une molécule de synthèse. C’est ainsi que jusqu’à 90 % de certaines vitamines de synthèse seront éliminés par l’organisme sans faire le moindre effet alors que la vitamine naturelle est beaucoup mieux absorbée par l’organisme. Et cela a de quoi rendre interrogateurs et curieux les médecins généralistes qui prescrivent quotidiennement une médication chimique à partir de molécules de synthèse.
On pense souvent que l’on peut pratiquer sans danger l’automédication avec les plantes. Est-ce vrai ?
Docteur SCHMITT : On pourrait en effet croire qu’une tisane de tilleul par exemple n’est pas dangereuse pour l’organisme. C’est vrai si on ne dépasse pas 15 jours de prises d’une même plante sans le contrôle d’un phytothérapeute de terrain. En effet au-delà de cette durée on agit vraiment sur le terrain et si la plante n’est pas adaptée alors, au lieu d’être soulagé, l’état de santé du patient s’aggrave. Un exemple évident peut être donné avec certaines plantes ayant un pouvoir estrogénique comme la sauge, le ginseng, le pissenlit, le persil ou le soja…(une quarantaine de plantes ont un pouvoir estrogénique reconnu).
Si une femme qui a un cancer du sein prenait sous quelque forme que ce soit une de ces plantes régulièrement pendant un mois, elle risquerait de déclencher une poussée évolutive de son cancer.
Je conseille donc de ne prendre aucune plante, sous quelque forme que ce soit, pendant plus de 15 jours, sans l’avis d’un phytothérapeute de terrain.
En conclusion toute plante qui peut paraître anodine peut, un jour, à long terme se révéler tout autant bénéfique que mauvaise pour le terrain. Et cette connaissance du terrain et des vertus des plantes est du ressort du phytothérapeute et de son expérience sur… le terrain !
Quel enseignement de votre expérience pouvez-vous aujourd’hui donner ?
Docteur SCHMITT : On pourrait dire que la phytothérapie à quatre inconvénients mineurs et un grand avantage majeur. D’abord c’est encombrant et lourd (beaucoup de boites, de gélules, de bouteilles de teintures-mères), onéreux (tout est fait du côté de l’industrie pharmaceutique pour décourager les patients) et mauvais au goût (pas de colorants ni exhausteurs de goût !).Mais si l’on dépasse ces handicaps, on peut dire qu’on obtient généralement, hors urgences et cancer, 70 à 80 % de réussite sur les échecs des autres médecines.
Les troubles qui sont les mieux soignés et guéris sont dans le domaine de la rhumatologie, gynécologie, affections chroniques, problèmes digestifs, et aussi les troubles liés à l’angoisse, l’anxiété, les insomnies et les dépressions légères et modérées. En fait on vient à la phytothérapie lorsqu’on a tout essayé et que rien n’a marché. Le parcours est le plus souvent le suivant : on commence par l’allopathie, puis on passe respectivement à l’homéopathie, l’acupuncture et en dernier recours à la phytothérapie. Probablement qu’avec le temps cet ordre changera, mais l’important aujourd’hui est que cette médecine, la plus ancienne et encore très actuelle, ne disparaisse pas.
Il faut donc la transmettre à nos jeunes médecins et pharmaciens comme nos anciens nous l’ont transmise. Divers enseignements existent en France. Parmi ceux-ci, le Centre International de Médecines Naturelles et de Terrain reprend le traitement des maladies les plus courantes par la phytothérapie en 10 week-ends ( www.cimnt.org).